Les Etats-Unis ont diffusé dimanche 10 septembre 2017 à leurs quatorze partenaires du Conseil de sécurité de l’ONU un texte remanié sur un huitième train de sanctions sévères contre la Corée du Nord, selon des sources diplomatiques.
Ce projet de résolution est censé être désormais définitif jusqu’à une mise au vote voulue lundi après-midi par les Etats-Unis. Il prévoit un embargo « progressif » sur le pétrole destiné à Pyongyang et non plus un embargo total et immédiat comme le prévoyait le premier projet des Etats-Unis diffusé mercredi. Il comprend aussi une interdiction pour les Etats membres des Nations unies d’importer le textile nord-coréen comme le voulait à l’origine Washington.
Un texte adouci
En revanche, selon les mêmes sources, à l’issue de négociations ardues menées depuis quatre jours avec notamment Pékin et Moscou, les Etats-Unis ont dû adoucir leur texte d’origine sur la situation des travailleurs expatriés nord-coréens et l’inspection au besoin par la force de navires soupçonnés de transporter des cargaisons prohibées par les résolutions de l’ONU.
Parmi ses autres concessions, Washington a accepté de ne plus prévoir de gel des avoirs du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, en raison d’une opposition de la Russie et de la Chine, selon des diplomates.
Le nouveau train de sanctions que les Américains veulent que l’ONU approuve au plus vite fait suite à un essai nucléaire nord-coréen mené le 3 septembre à un niveau inégalé et au tir d’un missile à moyenne portée à la mi-août ayant survolé le Japon.
Le Conseil de sécurité a déjà adopté sept trains de sanctions, chaque fois de plus en plus sévères, pour pousser la Corée du Nord à négocier ses programmes nucléaire et conventionnel. Ces derniers sont jugés menaçants pour la paix régionale et mondiale par la communauté internationale.
« Gangsters américains »
Dimanche, la Corée du Nord a averti les Etats-Unis qu’ils paieront le « prix » en cas d’aboutissement du projet de résolution américain au Conseil de sécurité des Nations unies.
« Le monde verra comment la République populaire démocratique de Corée [RPDC] dompte les gangsters américains, en prenant une série de mesures plus dures qu’ils ne l’ont jamais envisagé », a réagi un porte-parole du ministère des affaires étrangères, relayé par l’agence officielle nord-coréenne KCNA.
« La RPDC a développé et perfectionné l’arme thermonucléaire surpuissante comme un moyen de dissuader les actions hostiles croissantes et la menace nucléaire des Etats-Unis, et de désamorcer le danger d’une guerre nucléaire dans la péninsule coréenne et la région », a conclu la source nord-coréenne.
Pyongyang menace Washington de "la plus grande des souffrances" 10/9/2017
La Corée du Nord a averti lundi les Etats-Unis qu'elle leur infligerait "la plus grande des souffrances et des douleurs" s'ils persistaient à vouloir que l'ONU durcisse les sanctions à son encontre, après son sixième essai nucléaire.
Dans un communiqué reproduit par l'agence de presse officielle KCNA, le ministère des Affaires étrangères avertit que si Washington "met en place cette résolution illégale sur un durcissement des sanctions, la Corée du Nord fera en sorte d'être absolument sûre que les Etats-Unis en payeront le prix".
"Les mesures qui seront prises causeront aux Etats-Unis la plus grande des souffrances et des douleurs de toute leur histoire", poursuit le ministère.
"Le monde sera témoin de la façon dont la Corée du Nord dompte les gangsters américains en lançant une série d'actions qui seront plus dures qu'ils ne l'ont jamais imaginé", ajoute-t-il.
Le Conseil de sécurité de l'ONU est appelé par Washington à se prononcer lundi sur de nouvelles sanctions sévères contre la Corée du Nord, accusée de menacer la paix avec ses programmes d'armement nucléaire et conventionnel.
Le régime nord-coréen a procédé le 3 septembre 2017 à son sixième essai nucléaire. Il a déclaré qu'il s'agissait d'une bombe à hydrogène ou bombe H miniaturisée, apte à être placée sur un missile balistique intercontinental (ICBM). En juillet, il a aussi effectué deux tirs d'ICBM.
Ces activités nucléaires et balistiques contreviennent aux résolutions de l'ONU, qui a déjà infligé sept trains de sanctions à Pyongyang.
La planète subit de plein fouet le dérèglement climatique
Ouragans, inondations, sécheresses, incendies…
Une séquence de catastrophes naturelles historiques, aggravées par le réchauffement, frappe tous les continents.
Les témoins sont à court de mots et de superlatifs : les îles de Barbuda, Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont été très largement détruites, et ce n’est qu’un début. Après avoir mis au supplice les trois îles, l’ouragan Irma – le plus puissant cyclone tropical observé jusqu’à présent aux Antilles – s’orientait vers la Floride, où il était attendu dans la nuit de samedi 9 à dimanche 10 septembre 2017.
Les inondations catastrophiques causées par Harvey ne sont pas encore épongées que les Etats-Unis doivent déjà affronter un nouvel ouragan de magnitude exceptionnelle, accompagné de vents de plus de 300 km/h.
Mais alors que l’attention est focalisée sur l’Atlantique,
c’est la planète entière qui subit le feu roulant de catastrophes naturelles historiques amplifiées, favorisées ou aggravées par le réchauffement.
Le Canada vient de lever l’état d’urgence, décrété dans l’ouest du pays après plusieurs semaines de feux de forêt d’une intensité inédite ;
l’Afrique occidentale a enduré au cours des dernières semaines les coulées de boue les plus meurtrières de son histoire récente, en partie causées par des pluies torrentielles.
Quant à l’Asie du Sud, elle connaît une mousson historique qui, selon les chiffres des Nations unies, a affecté 41 millions de personnes, en a tué près de 1 400, et a laissé plusieurs centaines de milliers de sans-abri. Fin août, un tiers du Bangladesh était sous l’eau.
« C’est ce qui se passe quand vous ajoutez de la chaleur à un système :
il vous la rend sous forme d’inondations, de vent et de feu, résume Bill McKibben, le fondateur du mouvement de lutte contre le changement climatique 350.org.
Après les dix mille ans qu’a duré l’holocène, nous sommes désormais sur une planète différente. Et la première leçon à tirer de tout cela est de ne pas aller plus loin dans la même direction. »
Selon la base de données du Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED), associé à l’Université catholique de Louvain...
Irma, la catastrophe naturelle la plus coûteuse survenue en France 12/9/2017
Le coût des dommages assurés a été évalué à 1,2 milliard d’euros mais la facture réelle sera bien supérieure.
LE MONDE |
Après la catastrophe va s’ouvrir le chapitre de la reconstruction pour les îles de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin. L’ouragan Irma s’annonce d’ores et déjà comme l’une des catastrophes naturelles les plus coûteuses survenues en France. Pour les assureurs, elle est un « événement majeur », selon les termes employés par Torsten Jeworrek, un dirigeant du réassureur allemand Munich Re, lors d’un séminaire annuel sur la réassurance qui s’est tenu à Monaco.
Selon Saretec, un cabinet en gestion et prévention des risques, 90 % du bâti à Saint-Martin et 70 % à Saint-Barthélemy auraient été dégradés par le passage de l’ouragan. L’arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour les deux îles a été publié, samedi 9 septembre, au Journal officiel.
1,2 milliard d’euros
Le coût des dommages assurés a été évalué à 1,2 milliard d’euros par la Caisse centrale de réassurance (CCR), détenue à 100 % par l’Etat et spécialisée dans les catastrophes naturelles. Selon Laurent Montador, le directeur général adjoint de l’institution, ces territoires des Antilles françaises n’avaient pas connu d’ouragan de l’envergure d’Irma depuis 1891.
A titre de comparaison, le cyclone Dean, qui avait frappé la Guadeloupe en 2007, et s’était révélé le plus dévastateur pour un département et une région d’outre-mer au cours de ces dernières années, avait coûté 230 millions d’euros aux assureurs.
Pour Irma, la première évaluation de la CCR ne prend toutefois en compte que les dommages aux habitations, aux véhicules et aux entreprises qui sont couverts par le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles. Or seuls 40 % à 50 % des biens sont couverts par une police d’assurance à Saint-Martin, et à peine plus de 60 % à Saint-Barthélemy, alors que le taux de pénétration de l’assurance dépasse 98 % en France métropolitaine. « Peut-être que la culture de la solidarité familiale fait que la notion d’assurance n’est pas perçue...
Corée du Nord, climat et Syrie au menu de l’assemblée des Nations unies
Une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus dès lundi à New York pour la grand-messe diplomatique, dans un contexte chaotique.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Marc Semo (New York, envoyé spécial)
Ce sera pour tous les trois leur baptême du feu devant les Nations unies. Le président français, Emmanuel Macron, son homologue américain, Donald Trump, et le nouveau secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres, s’adresseront en effet pour la première fois aux chefs d’Etat – ou de gouvernement – ou aux ministres des affaires étrangères des 194 pays venus à New York, pour ce traditionnel grand rendez-vous annuel.
Les mots qu’ils prononceront à la tribune seront scrutés avec d’autant plus d’attention que la 72e Assemblée générale s’ouvre sur fond de tensions majeures autour de la Corée du Nord, d’impuissance face à la guerre en Syrie – qui perdure depuis six ans – et d’inquiétudes autour de l’accord sur le nucléaire iranien, que Donald Trump menace de remettre en cause. Huit mois après son installation à la Maison Blanche, la politique américaine reste pour le moins illisible, créant encore un peu plus d’incertitudes sur une situation internationale déjà chaotique.
Crainte de « l’Amérique d’abord »
S’il a, comme annoncé, quitté l’accord de Paris sur le climat, le locataire de la Maison Blanche est revenu sur bon nombre de ses déclarations les plus fracassantes, y compris sur l’ONU, qu’il pourfendait dans un de ses tweets comme « un club où les gens se rassemblent pour bavarder ». Il n’en continue pas moins à presser pour une réforme du système afin de le rendre « plus efficace et performant » et surtout moins coûteux. Sa volonté toujours plus clairement affichée d’agir unilatéralement au nom de « l’Amérique d’abord » inquiète ses alliés, à commencer par la France.
Il y a eu de sérieux grincements ces derniers mois avec la délégation américaine auprès des Nations unies concernant la prolongation ou le financement d’opérations de maintien de la paix. Un véritable bras de fer a opposé Paris et Washington cet été concernant la mise en place de la force antiterroriste des pays du G5 Sahel. En raison...
Trump menace de "détruire totalement" la Corée du Nord
Le président américain Donald Trump a menacé mardi devant l'ONU de "détruire totalement" la Corée du Nord, un "régime vicieux" et "corrompu", si les Etats-Unis ou leurs alliés étaient confrontés à une attaque de Pyongyang.
Les "Etats-voyous" sont une menace "pour les autres nations et pour leurs propres peuples avec les armes les plus destructrices" au monde, a lancé le président américain lors de son premier discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, dominée cette année par la menace nucléaire nord-coréenne et l'accord de non-prolifération avec l'Iran.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, de nouveau qualifié d'"homme-fusée" en raison de ses ambitions nucléaires, est embarqué dans "une mission-suicide, pour lui-même et pour son régime", a-t-il ajouté.
La diplomatie américaine assure que Washington ne vise pas la chute du régime nord-coréen, mais Donald Trump menace régulièrement d'une action militaire Pyongyang, qui multiplie les essais balistiques et nucléaires.
"Les Etats-Unis sont très forts et patients, mais s'ils sont obligés de se défendre ou de défendre leurs alliés, nous n'aurons d'autre choix que de détruire totalement la Corée du Nord", a prévenu le président américain.
"Les Etats-Unis sont prêts, disposés et en mesure" de répondre militairement à Pyongyang, "mais espérons que cela ne sera pas nécessaire", a-t-il ajouté.
Donald Trump a mis en garde les Etats "qui non seulement auraient des échanges commerciaux avec un tel régime, mais fourniraient aussi des armes et un soutien financier à un pays qui risque de faire plonger le monde dans un conflit nucléaire".
Il a estimé que c'était "tout le rôle" de l'ONU de gérer ce type de crises, saluant la récente adoption unanime de sanctions de plus en plus fermes contre la Corée du Nord et remerciant la Russie et la Chine qui ont donné leur aval malgré leur soutien à Pyongyang.
"Mais nous devons faire beaucoup plus" pour "isoler le régime de Kim jusqu'à ce qu'il mette fin à son comportement hostile" et comprenne que le seul avenir est celui d'une "dénucléarisation" de la péninsule coréenne, a-t-il insisté.
L'accord nucléaire iranien est "un embarras"
L'accord nucléaire conclu avec l'Iran est "un des pires auquel les Etats-Unis aient jamais participé" et représente un "embarras", a lancé mardi le président américain Donald Trump à la tribune de l'ONU, dans une violente diatribe contre Téhéran.
Qualifiant l'Iran d'"Etat voyou" et de "dictature corrompue", le président américain a voué aux gémonies l'accord de 2015 conclu entre Téhéran et les grandes puissances - dont les Etats-Unis - pour contrôler le programme nucléaire iranien.
"L'accord avec l'Iran est l'une des transactions les pires et les plus biaisées dans lesquelles les Etats-Unis soient jamais entrés. Franchement, cet accord est un embarras pour les Etats-Unis et je ne pense pas que vous ayiez fini d'en entendre parler. Croyez-moi", a averti M. Trump, sans pour autant dévoiler clairement ses intentions.
Le président américain doit le 15 octobre dire au Congrès s'il estime que Téhéran respecte ses engagements, comme l'estime l'AIEA, l'agence internationale de l'Energie atomique.
Plusieurs signes ou déclarations laissent penser que M. Trump pourrait ne pas certifier que l'Iran se conforme à l'accord, ce qui ouvrirait la voie à une réinstallation des sanctions par le Congrès, et à la fin du texte négocié pendant une douzaine d'années.
"Il est temps pour le monde entier de se joindre à nous pour exiger que le gouvernement iranien cesse de semer la mort et la destruction", a déclaré M. Trump, en fustigeant "les activités déstabilisatrices" de Téhéran dans la région.
"Le gouvernement iranien a transformé un pays riche, avec une grande histoire et culture, en un Etat voyou amoindri économiquement, et dont les exportations maîtresses sont la violence, le bain de sang et le chaos", a fustigé M. Trump dans son premier discours devant l'Assemblée générale annuelle de l'ONU.
Pékin et Moscou pour une "résolution pacifique" du "cercle vicieux" nord-coréen
Les ministres des Affaires étrangères chinois et russe ont appelé à "une résolution pacifique" du "cercle vicieux" nord-coréen, à l'issue d'une rencontre à New York dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations unies, a annoncé Pékin mardi.
Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, et son homologue russe, Serguei Lavrov, ont appelé toutes les parties au dossier à chercher "une résolution pacifique" face aux tensions actuelles autour du dossier des programmes nucléaire et balistique du régime de Pyongyang, a précisé le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.
"La question du nucléaire dans la Péninsule coréenne doit être résolue par des moyens pacifiques", a affirmé M. Wang, cité dans ce communiqué. "Le profond cercle vicieux actuel doit être brisé", a-t-il insisté.
Russes et Chinois sur la même longueur d'onde
M. Lavrov a déclaré que la position de la Russie sur ce dossier était "totalement identique" à la position chinoise, a précisé le communiqué émanant du ministère chinois. La Russie a de fait rejoint l'appel chinois à une "solution à double détente" autour de cette question, solution qui verrait la Corée du Nord suspendre son programme nucléaire et balistique en échange d'un arrêt des manoeuvres militaires américaines dans la région.
CORÉE DU NORD Les nouvelles sanctions imposées à la Corée du Nord sont "cruelles, immorales et inhumaines" et ne feront qu'accélérer son programme nucléaire, a averti lundi le ministère nord-coréen des Affaires étrangère, dans un communiqué publié par l'agence officielle KCNA.
Le nouveau train de sanctions adopté la semaine passée par le Conseil de sécurité de l'ONU constitue un "acte d'hostilité pour éliminer physiquement le peuple" nord-coréen, dénonce le ministère, cité par KCNA.
Cette huitième série de sanctions adoptée le 11 septembre vise à punir Pyongyang pour avoir mené un nouvel essai nucléaire. Interdisant notamment ses exportations de textile et réduisent ses approvisionnements en pétrole, elles pourraient coûter 2 milliards de dollars au pays, qui a dénoncé la semaine passée des mesures "scélérates".
"La multiplication des initiatives des Etats-Unis et de leurs vassaux pour imposer des sanctions et faire pression sur la RPDC (République populaire démocratique de Corée) ne fera qu'accélérer notre rythme vers la réalisation complète de notre force nucléaire", affirme-t-il.
L'administration américaine a indiqué qu'elle profiterait de l'assemblée générale des Nations unies, qui se tient cette semaine à New York, pour exiger la pleine application des sanctions internationales contre la Corée du Nord, menaçant celle-ci de "destruction" si elle continuait à provoquer Washington et ses alliés.
Lors d'un entretien téléphonique lundi, le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping se sont engagés à "maximiser la pression sur la Corée du Nord via une application vigoureuse des résolutions de l'ONU", selon la Maison Blanche.
Principale partenaire économique de la Corée du Nord, la Chine, comme la Russie, ont exprimé des réticences face à la volonté américaine de renforcer toujours plus les sanctions.
Depuis, Washington a appelé Pékin et Moscou à faire davantage pression pour pousser le régime de Kim Jong-Un à abandonner ses ambitions nucléaires et à revenir à la table des négociations.
Les ministres des Affaires étrangères des pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU doivent par ailleurs se réunir jeudi pour discuter prolifération des armes de destruction massive et menace nucléaire causée par la Corée du Nord.
L'ONU met en garde contre le risque d'une guerre avec la Corée du Nord
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a plaidé mardi pour un "monde sans armes nucléaires", mettant en garde contre le risque d'une guerre avec la Corée du Nord.
Pour son premier discours devant quelque 130 chefs d'Etat et de gouvernement présents dans le cadre de l'Assemblée générale, le patron de l'ONU a souligné que la solution avec Pyongyang "devait être politique" et qu'il ne fallait pas sombrer dans "la guerre".
"J'appelle le Conseil de sécurité à maintenir son unité" dans la crise avec ce pays, a ajouté Antonio Guterres, en ouvrant formellement à New York l'Assemblée générale annuelle des Nations unies qui réunit 193 Etats. "Seule l'unité permettra de dénucléariser la péninsule coréenne et (...) créer la possibilité d'un engagement diplomatique pour résoudre la crise".
Alors que la Corée du Nord redouble d'expérimentations nucléaires et de tirs de missiles balistiques, le Conseil de sécurité multiplie depuis cet été les résolutions imposant à Pyongyang des sanctions économiques de plus en plus sévères.
Le président américain Donald Trump n'a pas jusqu'à présent montré qu'il croyait réellement au processus de sanctions pour amener la Corée du Nord à une table de négociations. Il a brandi à plusieurs reprises la possibilité de recourir à la force pour faire plier Pyongyang.
"De manière plus large, tous les pays doivent montrer un engagement plus grand vers l'objectif universel d'un monde sans armes nucléaires", a fait valoir Antonio Guterres. "Les Etats détenteurs de l'arme nucléaire ont une responsabilité particulière à diriger ce mouvement", a-t-il estimé, en déplorant que la prolifération crée "un danger inimaginable" et que le désarmement dans le monde soit "paralysé".
Mercredi, de premiers Etats doivent commencer à signer à l'ONU un traité bannissant les armes nucléaires. Plus de 120 pays ont adopté ce traité au début de l'été qui vise à renforcer la non-prolifération. Cette démarche est rejetée par les pays dotés de l'arme nucléaire et notamment les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France et Chine).
C’est une nouvelle menace de taille sur le front diplomatique. L’Iran a menacé mardi 15 août 2017 de quitter l’accord nucléaire avec les grandes puissances très rapidement si les Etats-Unis continuent leur politique de « sanctions et coercition ».
Le président iranien, nouvellement réélu, a affirmé que son homologue américain Donald Trump avait prouvé au monde qu’il n’était « pas un bon partenaire ».
Le Monde.fr avec AFP |
Devant le Parlement, Hassan Rohani, a tenu un discours musclé, retransmis à la télévision. Le président iranien, nouvellement réélu, a affirmé que son homologue américain Donald Trump avait prouvé au mondequ’il n’était « pas un bon partenaire ». Et a prévenu :
« L’expérience ratée des sanctions et de la contrainte a mené leurs précédentes administrations à la table des négociations. Mais s’ils veulent revenir à ces méthodes, assurément, dans un délai très court – non pas des semaines ou des mois, mais en jours ou en heures –, nous reviendrons à la situation (d’avant l’accord) ».
Sanctions américaines
Conclu en juillet 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, l’accord nucléaire prévoit que l’Iran limite son programme nucléaire à des usages civils en échange de la levée progressive des sanctions internationales. Mais, à la mi-juillet, l’administration américaine avait imposé de nouvelles sanctions juridiques et financières ciblées contre des personnes et entités iraniennes liées au programme balistique, interdit par une résolution de l’ONU, et au corps des gardiens de la révolution.
Le Congrès des Etats-Unis avait ensuite voté, à la fin de juillet, des sanctions contre l’Iran, accusé de développer son programme balistique, violer les droits de l’homme et soutenir des groupes – comme le Hezbollah libanais – qualifiés de « terroristes » par Washington.
Donald Trump n’a cessé de critiquer l’accord nucléaire, qu’il qualifie d’« horrible », mais ne l’a pour l’heure pas remis en cause. L’Iran, qui n’entretient plus de relations diplomatiques avec les Etats-Unis depuis 1980, assure de son côté que les dernières sanctions américaines sont une « violation » de cet accord, qui a mis fin à son isolement sur la scène internationale.
« Dans les récents mois, le monde a été le témoin que les Etats-Unis, en plus d’avoir constamment rompu leurs promesses concernant l’accord nucléaire, ont ignoré à plusieurs reprises des accords internationaux », a martelé M. Rohani.
Face à Trump, Macron défend l’accord avec l’Iran
Le sort du texte sur le nucléaire iranien est au cœur des rencontres en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Gilles Paris (New York, envoyé spécial) et Marc Semo (New York, envoyé spécial)
Les surenchères et l’hostilité déclarée de Washington menacent l’accord sur le nucléaire iranien conclu le 14 juillet 2015 par les « 5 + 1 » (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l’Allemagne) avec Téhéran. Son destin est au cœur de nombre de rencontres bilatérales dans les palaces new-yorkais où les chefs d’Etat ou de gouvernement discutent des sujets les plus sensibles en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.
Installé au New York Palace Hotel, Donald Trump a reçu, lundi 18 septembre, en début d’après-midi, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui le presse de dénoncer, ou pour le moins de réviser, un « épouvantable accord ». Peu après, c’était au tour d’Emmanuel Macron de rencontrer le président américain. Le chef de l’Etat français a au contraire réaffirmé son attachement à un texte respecté jusqu’ici par les Iraniens et que Paris estime plus que jamais crucial pour éviter de voir s’installer « une Corée du Nord au Moyen-Orient ».
Boîte de Pandore »
La discussion a été pour le moins « directe » – ce qui veut dire, en langage diplomatique, plutôt animée –, notamment à propos de l’accord de Paris sur le climat dénoncé par Washington et plus encore sur le nucléaire iranien. Le texte met en place, pour dix ans, sous contrôle, le programme atomique de Téhéran et garantit son caractère civil en échange d’une levée progressive des sanctions.
Dans leur rencontre de plus d’une heure, le président français a expliqué à son homologue américain que « la remise en cause et la fragilisation de l’accord de Vienne ouvriraient une boîte de Pandore ». Une loi votée par le Congrès oblige en effet Donald Trump à « certifier » tous les quatre-vingt-dix jours que Téhéran se conforme bien à ses engagements. La prochaine échéance doit intervenir à la mi-octobre. Certaines des déclarations du président laissent penser qu’il pourrait décider de ne pas le faire, alors même que les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique assurent que les Iraniens jouent le jeu.
D’où l’inquiétude de Paris comme des autres signataires. « Il est essentiel de maintenir l’accord pour éviter une spirale de prolifération et encourager ainsi les parties les plus dures en Iran à se lancer dans l’acquisition de l’arme atomique. Il importe vraiment de garder cette ligne », avait déjà souligné dans la matinée le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Donald Trump a écouté Emmanuel Macron sans se rendre à ses arguments, pesant ensuite le pour et le contre d’un texte qu’il continue de considérer comme « profondément imparfait » et « mal négocié » par son prédécesseur, le démocrate Barack Obama. « Il n’a manifestement pas encore pris sa décision », souligne une source française.
Les signataires de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien se sont retrouvés mercredi dans une ambiance tendue aux Nations unies, sans parvenir à sortir de l’impasse provoquée par la menace américaine de dénoncer le texte.
Il s’agissait de la première réunion entre les ministres américain des affaires étrangères et iranien, Rex Tillerson et Javad Zarif, depuis l’arrivée en janvier de Donald Trump à la Maison Blanche. La rencontre, qui a duré plus d’une heure, a été « difficile », selon une source européenne, selon qui MM. Tillerson et Zarif ont eu des « échanges directs » assez longs. « Le ton était très concret, il n’y a pas eu de cris, nous ne nous sommes pas lancé des chaussures dessus », a assuré le secrétaire d’Etat américain, jugeant « utile d’entendre » le point de vue des autres parties, même si Washington continue d’avoir de « gros problèmes »avec l’accord nucléaire iranien.
Le refus d’une seconde crise nucléaire
Il n’est pas nécessaire de « renégocier l’accord » sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, a déclaré mercredi 20 septembre aux Nations unies (ONU) la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Les ministres des pays signataires – Iran, Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne –, réunis en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, « n’ont pas discuté de modifications » à l’accord. Ils sont, y compris les Etats-Unis, « d’accord pour juger que le texte est jusqu’ici respecté par tous », a-t-elle ajouté, en rendant compte de la rencontre.
« L’objet de l’accord nucléaire est lié au programme nucléaire », a fait valoir Federica Mogherini, qui préside la commission de suivi réunissant les signataires. A cet égard « l’accord fonctionne », « il n’y a pas de violations », a-t-elle insisté. « Il y a d’autres sujets en dehors de ce que couvre cet accord, et ces sujets peuvent être discutés dans d’autres enceintes », par exemple au niveau bilatéral, a-t-elle affirmé.
« Nous avons déjà une crise nucléaire » en cours avec la Corée du Nord, « nous n’avons pas besoin d’en avoir une seconde ». « Le sens général de ce que nous nous sommes dit aujourd’hui avec les ministres, c’est qu’avec les difficultés » auxquelles le monde est confronté actuellement, « la communauté internationale ne peut pas se permettre de démanteler un accord qui fonctionne et donne des résultats », a-t-elle insisté.
Un « volet de sanctions » pour les activités balistiques
Pour sauver l’accord nucléaire, le président français, Emmanuel Macron, a estimé que « deux ou trois piliers » pouvaient être ajoutés à l’accord de 2015 pour traiter ces questions.
« Nous avons besoin de l’accord de 2015. Cet accord est-il suffisant ? Il ne l’est pas, compte tenu de l’évolution régionale et de la pression croissante que l’Iran exerce dans la région », a-t-il déclaré lors d’un point presse. Le président français a aussi cité « l’activité accrue de l’Iran sur le plan balistique » et souligné la nécessité de « pouvoir rassurer les Etats de la région et les Etats-Unis ».
Selon lui, sur ces activités balistiques, il faudra un « volet de sanctions ». « Et aussi ouvrir une discussion sur le nucléaire post-2025 et sur le rôle de l’Iran dans la région car les tensions sont croissantes au regard de l’activité du Hezbollah et de la pression de l’Iran sur la Syrie ».
Plus tôt, le président iranien, Hassan Rohani, a affirmé qu’il « répliquera avec détermination » à toute violation de l’accord. Après le discours très offensif de Donald Trump, la veille, contre un texte qu’il a qualifié de « honteux », M. Rohani a insisté sur le fait que l’Iran n’avait « trompé personne » et n’avait « pas été malhonnête ».
« Il serait dommage que l’accord soit détruit par des voyous qui viennent d’arriver sur la scène internationale », a déclaré le président iranien, visant directement M. Trump, qui avait fustigé, la veille, des « Etats voyous ». L’Iran est un pays « qui prône la modération, le respect des droits de l’homme et un engagement constructif dans le monde », a affirmé M. Rohani, répliquant point par point au président américain. Le discours du président Trump est une « rhétorique haineuse » qui « porte atteinte à la confiance internationale », a encore dit M. Rohani.
« L’accord appartient à la communauté internationale et pas à un ou deux pays », a lancé M. Rohani mercredi. Il a exclu, après son discours, toute nouvelle discussion sur l’accord nucléaire avec les Etats-Unis. Selon des diplomates français, toute réouverture des débats reste une « ligne rouge » pour les Iraniens.
Le président américain pourrait, à la mi-octobre, ne pas certifier que l’Iran respecte ses obligations, ce qui ouvrirait la voie à une réactivation de sanctions levées dans le cadre de l’accord. A la fin d’août, l’Agence de l’énergie atomique a pourtant certifié que Téhéran respectait bien ses engagements.
Les Etats-Unis et Israël quittent l’Unesco, accusée d’être « anti-israélienne » 12/10/2017
Washington avait prévenu, début juillet, de son intention de réexaminer ses liens avec l’Unesco après sa décision d’inscrire la vieille ville de Hébron au patrimoine mondial.
Le Monde.fr avec AFP |
Les Etats-Unis ont annoncé, jeudi 12 octobre, leur retrait de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), accusant l’institution d’être « anti-israélienne ».
Quelques heures après,Israël a également décidé de se retirer de l’Unesco, en raison du parti pris anti-israélien, selon lui, de l’organisation onusienne devenue un « théâtre de l’absurde ». Peu après l’annonce du retrait américain, l’Etat hébreu avait salué le début d’une « nouvelle ère aux Nations unies : celle où quand on pratique la discrimination contre Israël, il faut en payer le prix ».
Washington conservera toutefois un statut d’observateur en lieu et place de leur représentation à l’agence onusienne sise à Paris, a précisé le département d’Etat américain. Le retrait ne sera effectif qu’à compter du 31 décembre 2018, conformément aux statuts de l’Unesco, a-t-il ajouté :
« Cette décision n’a pas été prise à la légère, et reflète les inquiétudes des Etats-Unis concernant l’accumulation des arriérés à l’Unesco, la nécessité d’une réforme en profondeur de l’organisation, et ses partis pris anti-israéliens persistants. »
Les Etats-Unis, grand allié d’Israël, avaient déjà pris leurs distances avec l’Unesco. Ils avaient ainsi arrêté de participer à son financement en 2011 après que l’agence a admis la Palestine parmi ses Etats membres. Mais ils continuaient depuis à siéger au conseil exécutif de l’Unesco, composé de 58 membres.
Selon le département d’Etat, un statut d’observateur permettrait de continuer d’apporter la « vision » et « l’expertise » américaines « sur certains dossiers importants gérés par l’organisation », notamment « la protection du patrimoine mondial, la défense de la liberté de la presse » et la promotion des sciences et de l’éducation.
Donald Trump met en péril l’accord sur le nucléaire iranien 14/10/2017
Le président américain refuse de certifier la bonne application des engagements et réclame de nouvelles sanctions.
LE MONDE |
Donald Trump est passé à l’acte sans tout à fait passer à l’action, vendredi 13 octobre. Comme annoncé de longue date, le président des Etats-Unis a refusé d’endosser l’application de l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 par son prédécesseur démocrate, Barack Obama. En dépit d’un discours virulent aux accents de déclaration de guerre contre le régime iranien, M. Trump n’est cependant pas allé jusqu’à « déchirer » le « pire » accord conclu selon lui par les Etats-Unis, comme il s’y était engagé pendant la campagne.
Le président a souhaité exposer, vendredi, une stratégie globale visant à endiguer l’Iran, jugeant que pendant des années l’attention s’était concentrée sur le programme nucléaire controversé développé par Téhéran, au détriment des menaces qu’alimentent, selon lui, son influence au Moyen-Orient et son programme balistique.
Un choix autant qu’une nécessité, compte tenu du fait que la République islamique respecte, de l’avis général, les obligations contenues dans un accord qui s’est traduit par un régime d’inspections sans précédent conduites par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
A deux reprises, en avril et en juillet, le président des Etats-Unis a d’ailleurs été contraint de certifier au Congrès que l’application de l’accord ne posait pas de problème majeur, comme une loi votée en 2015 l’y oblige tous les quatre-vingt-dix jours, faute de solution alternative. La seconde certification, selon la presse américaine, avait cependant suscité une telle exaspération présidentielle que son administration n’a eu d’autre choix que de tracer une sorte de voie médiane, entre une approbation sans réserve et une rupture définitive. Le refus de certification, vendredi, survient un mois après la suspension par M. Trump des sanctions liées au dossier nucléaire.
Nouvelles sanctions
Renouant avec la tonalité adoptée lors de son intervention devant l’Assemblée générale des Nations...
Accord nucléaire : Téhéran dénonce la volte-face des Etats-Unis
Donald Trump a annoncé vendredi la « non-certification » des engagements de l’Iran, créant des incertitudes qui risquent de ralentir le rebond économique de l’Iran.
Hassan Rohani, lors de son allocution vendredi 13 octobre 2017, à Téhéran
L’Iran n’a pas eu d’autre choix que de réaffirmer son strict respect de l’accord international sur son programme nucléaire. En réponse au discours d’une rare agressivité de Donald Trump. Le président iranien, Hassan Rohani, a dénoncé en direct à la télévision d’Etat « un tissu d’insultes et d’accusations sans fondements ». Il a rappelé que l’accord nucléaire, signé avec les cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne, « n’[était] pas un accord bilatéral entre l’Iran et les Etats-Unis », que Washington pourrait modifier à sa guise. Le président iranien a réaffirmé que l’accord n’était« pas modifiable, on ne peut y ajouter ni un article ni une note », et que son pays l’appliquerait « tant que [ses] intérêts l’exigent ».
En refusant pour l’heure de tendre un peu plus le rapport de force avec Washington, et en se posant en victime de l’unilatéralisme américain, Téhéran préserve un gain politique inédit : jamais la République islamique n’avait bénéficié d’un tel soutien international. Depuis des jours, l’Etat iranien affichait son unité. Vendredi, M. Rohani a ainsi de nouveau loué les gardiens de la révolution, la principale force armée du pays, les qualifiant de « héros nationaux », lui qui ferraillait avec ce corps très conservateur.
Unité de façade
M. Rohani devait exprimer l’indignation de l’Iran face à de nouvelles sanctions contre les Gardiens, annoncées vendredi par le Trésor américain. Donald Trump s’était cependant abstenu d’adopter une mesure plus radicale, après avoir envisagé d’inscrire ces forces sur la liste des organisations terroristes du département d’Etat. Téhéran en avait fait une « ligne rouge ».
Les conservateurs iraniens, quant à eux, se font relativement discrets, laissant M. Rohani et le ministère des affaires étrangères, qui demeurent les principaux acteurs du dossier nucléaire, répondre à Washington. Lors d’une rencontre, lundi, avec le ministre des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, le chef des gardiens de la révolution, Mohammad Ali Jafari, avait rappelé que « les gardiens de la révolution et le gouvernement sont unis (…). Le langage diplomatique diffère du langage militaire mais l’objectif est le même ».
Un consensus existe à Téhéran pour laisser le temps au Congrès américain de prendre sa décision sur l’application de l’accord et pour évaluer la réaction des autres pays signataires. « Pour l’heure, Washington fait de la rhétorique : il n’y a rien de neuf. Nous saurons dans quelques mois si les Européens peuvent résister à la pression américaine », note l’analyste conservateur Foad Izadi.
Cependant, cette unité de façade masque de profondes divisions. Les plus « durs » parmi les conservateurs voient dans les menaces américaines l’occasion d’enterrer la politique de rapprochement avec l’Occident engagée par M. Rohani. « Il serait souhaitable que Washington impose de nouvelles sanctions, souligne Hossein Shariatmadari, directeur du quotidien ultraconservateur Kayhan et représentant du Guide suprême, Ali Khamenei. Notre problème, c’est l’espoir qui subsiste en Iran vis-à-vis des Etats-Unis. Si cet espoir disparaissait, nous pourrions de nouveau nous reposer sur nos propres forces. »
L’incertitude maintenue par M. Trump repousse encore d’importants investissements négociés par des entreprises européennes. Elle incite celles qui se sont déjà réengagées en Iran, comme le français Total, à avancer lentement dans des secteurs qui pourraient être soumis à de nouvelles sanctions américaines. Depuis l’entrée en vigueur de l’accord, Téhéran a certes doublé ses exportations de pétrole, mais cette richesse ne produit pas d’emplois. Le chômage ne cesse d’augmenter. M. Rohani s’en trouve peu à peu affaibli. Vendredi, M. Trump a réaffirmé sa volonté de « repousser » l’influence jugée maligne de l’Iran au Moyen-Orient, et la poursuite de son programme balistique. M. Rohani a fermement répondu que l’Iran continuerait d’investir dans ce programme, afin de développer« [ses]capacités de défense ».
« Golfe Arabique »
Téhéran s’inquiète pourtant du ton martial employé par M. Trump et du flou qui demeure sur sa stratégie d’endiguement régional. « Si les Etats-Unis montraient un comportement constructif, nous pourrions négocier autre chose [que la question nucléaire] », estimait, avant le discours de M. Trump, Hossein Amir-Abdollahian, ancien vice-ministre des affaires étrangères iranien, chargé des pays arabes. « Le problème avec M. Trump, c’est qu’au lieu de donner du temps à la diplomatie il précipite la violence. » Cet officiel prévoit que la « nervosité » des forces armées iraniennes « pourrait monterà un degré intense ». Ces dernières sont déployées en Syrie, à proximité de forces américaines, ainsi qu’en Irak, où Américains et Iraniens luttent contre l’organisation Etat islamique, sans dialogue ou coordination directe.
Dans ces deux pays, Téhéran dispose cependant d’une capacité de réaction limitée à la pression américaine, les conséquences d’une escalade militaire paraissant trop graves. « Nous ne voulons pas déstabiliser ces pays alliés : il n’y a aucune raison de combattreles Etats-Unis là-bas », estime M. Shariatmadari. Ce dernier envisage cependant une hausse des tensions dans le golfe Persique – que M. Trump a nommé vendredi « golfe Arabique », suscitant de nombreuses critiques dans la population iranienne. Les gardiens de la révolution y ont multiplié ces derniers mois les provocations à l’encontre de la marine américaine.
Les Iraniens ont réagi samedi avec colère aux propos belliqueux du président américain Donald Trump, qui a annoncé la veille une stratégie plus dure contre leur pays. L'utilisation par le président américain du terme "golfe arabique" à la place de "golfe persique" - en référence à la Perse - a profondément irrité les Iraniens, connus pour leur nationalisme, qui ont pris d'assaut les comptes Twitter et Instagram de M. Trump.
Nucléaire iranien : comprendre ce qu’implique la « décertification » de l’accord
Donald Trump, qui n’a eu de cesse de critiquer l’accord de 2015, accuse Téhéran de violer « l’esprit » de l’accord en raison de son rôle « déstabilisateur » au Moyen-Orient.
Donald Trump lors de son intervention sur le dossier iranien, depuis la Maison Blanche, le 13 octobre 2017. Depuis son entrée en fonction, le 20 janvier, Donald Trump a certifié le Plan d’action conjoint à deux reprises : le 18 avril et le 17 juillet
Après des mois de tergiversations et de menaces, le président américain, Donald Trump, s’est prononcé, vendredi 13 octobre 2017, sur le sort de l’accord sur le nucléaire iranien. Le président américain a annoncé la « non-certification » des engagements de l’Iran.
Appelé « Plan d’action conjoint » (Joint Comprehensive Plan of Action, JCPOA), cet accord, qui a été signé le 14juillet 2015 entre la république islamique et les puissances du P5 + 1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, plus l’Allemagne), vise à empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique.
Le JCPOA est entré en vigueur en janvier 2016, lorsque l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé que Téhéran respectait ses engagements afin de garantir le caractère strictement civil et pacifique de son programme nucléaire.
En contrepartie, les Américains et les Européens ont levé leurs sanctions envers l’Iran liées au nucléaire.
Le droit de regard du Congrès sur l’accord avec l’Iran
Ce « plan d’action » n’étant pas un traité, il n’a pas été soumis par Barack Obama au Congrès pour ratification. En riposte, le 114e Congrès des Etats-Unis (2015-2016), dans lequel les Républicainsavaient la majorité, a adopté une loi, l’Iran Nuclear Agreement Review Act (INARA), qui oblige le président à « certifier » tous les 90 jours au Congrès que :
l’Iran respecte l’accord totalement et dans la transparence ;
l’Iran n’est pas responsable de violations matérielles du texte ;
l’Iran n’a pas développé son programme nucléaire en vue de se doter de l’arme atomique ;
l’accord de 2015 reste vital pour l’intérêt et la sécurité nationaux des Etats-Unis.
« La décertification de l’accord est un processus qui ne concerne que les Etats-Unis », précise la chercheuse en relations internationales Lélia Rousselet.
Menaces de Trump
Depuis son entrée en fonction, le 20 janvier, Donald Trump a certifié le Plan d’action conjoint à deux reprises : le 18 avril et le 17 juillet. Mais dans un entretien au Wall Street Journal, le 25 juillet, il a prévenu qu’il serait surpris que l’Iran respecte sa part de l’accord, passant outre l’avis de ses conseillers et de sa majorité au Congrès.
Le général Jim Mattis, chef du Pentagone, a lui affirmé que le texte était dans l’intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis. « Malgré les défauts de cet accord, je suis convaincu que nous devons aujourd’hui l’appliquer à la lettre », a aussi déclaré Ed Royce, le président républicain de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants.
« Au sein du Congrès, les opposants à l’accord de 2015 considèrent désormais qu’il ne faut pas revenir dessus », observe Lélia Rousselet.
Donald Trump accuse Téhéran de violer« l’esprit » de l’accord en raison de son rôle « déstabilisateur » au Moyen-Orient et estime que le quatrième point n’est pas respecté. Fin août, Nikki Haley, l’ambassadrice américaine à l’ONU, a annoncé que les Etats-Unis voulaient des inspections plus poussées de l’AIEA en Iran.
Ouverture d’une période d’incertitude
En refusant de « certifier » le JCPOA, en dépit des assurances de l’AIEA, Donald Trump risque d’ouvrir une période d’incertitude dans les relations internationales. Une « non-certification » placerait, de facto, le Congrès américain en première ligne : les élus auraient alors 60 jours pour décider de réimposer, ou non, les sanctions levées depuis 2015. Le Congrès pourrait aussi décider de ne rien faire. « Si le Congrès ne rétablit pas les sanctions, l’accord n’est pas mort », reprend Lélia Rousselet.
La réaction de l’Iran sera scrutée attentivement. « Si les Etats-Unis prennent une position hostile à l’égard d’un accord international, ils ne s’opposeront pas seulement à l’Iran mais au monde entier », a lancé le président iranien, Hassan Rohani.
Outre Téhéran, Moscou, Pékin, Paris, Londres et Berlin ont mis en garde contre un retour en arrière aux conséquences imprévisibles.
Thierry Coville, chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran, estime que « les modérés au pouvoir en Iran sont dans l’expectative. Mais ils estiment que M. Trump est isolé sur la scène internationale et ils se sentent en position de force : ils sont en Syrie, en Irak, face à l’Etat islamique. »
La décision américaine pourrait contribuer à relancer la course aux armements et la prolifération nucléaire, avec une Arabie saoudite qui s’oppose à l’expansion géopolitique de l’Iran dans la région etun Etat d’Israël qui considère la république islamique comme une menace pour sa propre existence.
« Incontestablement, cela nuira au climat de prévisibilité, de sécurité, de stabilité et de non-prolifération dans le monde entier », a souligné vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Au-delà de l’Iran se posera la question de la stratégie américaine : « Comment avoir une stratégie crédible vis-à-vis de la Corée du Nordsi Donald Trump se comporte de manière aussi imprévisible avec l’Iran ? », poursuit Thierry Coville.
Israël, défendu par les Etats-Unis, a salué jeudi l'annonce de leur retrait. Il s'agit pour l'Etat du début d'une «nouvelle ère» aux Nations unies: «celle où, quand on pratique la discrimination contre Israël, il faut en payer le prix», a déclaré Danny Danon, ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies. La décision américaine est «courageuse et morale», a dit le chef du gouvernement israélien. A la suite de cette annonce, le premier ministre Benjamin Nétanyahou a donné pour instruction au ministère des Affaires étrangères de «préparer le retrait d'Israël, membre de l'organisation depuis 1949, parallèlement aux Etats-Unis» avant d'ajouter, «l'Unesco est devenue le théâtre de l'absurde où l'on déforme l'histoire au lieu de la préserver».
How Do I Know the Messiah is Coming? - Rabbi Alon Anava